L'eau
- ldel96
- 4 févr.
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Enfant, les jours de pluie, en rentrant de l’école, je voyais souvent un homme grand et immobile au bord de la route. Son regard restait fixé sur l’eau qui s’écoulait en un mince ruisseau. Il pouvait demeurer ainsi, figé, aussi longtemps que tombait la pluie, la tête inclinée sous son chapeau, impassible. Je ne comprenais pas. Et, sans doute, je ne comprends toujours pas.
L’eau me fascine. Elle possède ce pouvoir d’être tout et son contraire, sous toutes ses formes : douce ou violente, salvatrice ou destructrice… Rien ne freine son insolente liberté. Toujours, elle passe.
Elle se pare de courbes envoûtantes ou effrayantes, s’étire en vagues, se déchaîne en tourbillons, se transforme au gré du vent et du temps. Elle sculpte et change le monde, lentement ou avec fracas, l’inonde ou l’érode, imposant inexorablement sa loi.
L’eau chante aussi, en gouttes, en vagues, en vapeur. Son chant lancinant apaise nos âmes et dissipe nos tourments. Sans elle, nous ne serions rien, car elle a eu l’audace d’entrer en nous et de nous donner la vie.
Si un jour ma mémoire s’efface et que mes émotions s’éteignent, peut-être deviendrai-je, moi aussi, cet homme grand et immobile, regardant le ruisseau.

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